REMEMBER WHEN:
REFLECTIONS ON AN ACADIAN CHILDHOOD

Extrait du livre, ``Remember When...`` par Yvonne (Arsenault) Tuplin, publié en 1998.

Alyre-StepDancing

Eddy on fiddle, Amand (guitar) and Dad step-dancing

Les danses et la musique traditionnelle de violoneux faisaient autant partie de notre vie que le pain et la mélasse. Presque tous les dimanches, après la messe, notre père jouait de l’harmonica pendant qu’on dansait. Parfois quelqu’un jouait des cuillères. On s’amusait beaucoup en attendant que Maman vienne annoncer que le dîner était prêt.

On écoutait souvent les violoneux à la radio ou à la télévision. Don Messer’s Jubilee était l’émission préférée de toute la famille. On regardait aussi un spectacle de variétés appelé Shur-Gain. De temps en temps, il y avait un concert à la salle paroissiale. Presque tout le monde dans la communauté y allait. J’ai commencé à giguer quand j’avais sept ans environ. Mon père faisait quelques pas de gigue temps en temps, mais j’ai appris surtout des filles à l’école ou en regardant les danseuses à l’émission Don Messer’s Jubilee.

Au cours de l’année, il y avait des concours de violon et de gigue à travers l’Île. J’allais avec Maman et Papa et je participais à plusieurs concours. J’ai commencé à vraiment aimer cela quand j’ai commençais à gagner. Je pratiquais pendant des heures et j’apprenais de nouveaux pas. Il y avait des catégories d’âge dans les concours de gigue. Maman y participait de temps en temps quand il n’y avait qu’un ou deux participants dans la catégorie pour adultes. Elle était sûre de gagner. Amand à Arcade y participait aussi et ils revenaient avec cinq ou dix dollars. D’habitude les prix étaient quinze, dix et cinq dollars pour le premier, le deuxième et le troisième prix. Le premier prix dans les grands concours, comme celui de Tyne Valley, était vingt-cinq dollars. Une fois, Maman m’a fait un costume parce que je n’avais pas de belle robe pour participer à un grand concours. C’était une jupe et une chemise en coton imprimé rose et blanc. J’étais vraiment heureuse d’avoir quelque chose de neuf à porter et j’ai gagné le premier prix ce soir-là.

Yvonne-Claudette-stepdancing

Yvonne and Claudette step dancing

Eddy Arsenault était mon violoneux favori. Je ne me souviens pas des noms des autres, sauf Russell Warren de Summerside. Je demandais toujours à Eddy de jouer le « Princess Reel » pendant que je dansais. D’habitude son frère, Amand à Arcade, l’accompagnait à la guitare et Marie, la fille d’Eddy, jouait parfois de l’harmonium. Sa fille Hélène était une excellente gigueuse. Plus tard quand elle était adulte, elle était membre de Barachois, un groupe de musique dynamique, comique et talentueux. Notre famille est de la parenté à Louise Arsenault, la violoneuse du groupe. Albert, le fils d’Eddy, et Chuck Arsenault nous faisaient mourir de rire. Ce genre de spectacle a gardé le folklore acadien vivant.

Autrefois, on invitait les gigueurs de notre région à danser aux congrès politiques. La paie était bonne. Je n’oublierai jamais un soir à un des congrès du Parti Conservateur quand nous étions cinq ou six danseurs. Lucia à Tilmon n’avait pas de souliers à claquettes. Puisqu’elle allait danser avant moi, elle a emprunté les miens. Mais parce que les discours avaient durer trop longtemps, il ne restait plus de temps pour les danses individuelles. Tout d’un coup, sans préavis, on nous a dit d’aller sur l’estrade tous ensemble. Lucia portait mes souliers à claquettes et je portais des mocassins un peu amples. Quand nous étions en train de danser en ligne, ma chaussure est partie dans l’air. Très gênée, j’ai réussi à la récupérer et j’ai continué à danser avec le groupe. Quand on a fini, j’ai couru me cacher dans l’escalier et j’ai pleuré. Cyrus à Joe Manuel est venu me chercher parce qu’il voulait me payer. Je lui ai dit que je ne le méritais pas. Il m’a dit que j’avais très bien fait malgré ce qui m’était arrivé.

Maintenant quand je vois une bonne gigueuse, j’ai la chair de poule. J’ai encore mes souliers de danse, mais ils ont vu des meilleurs jours. Quand j’ai quitté la maison, Claudette est devenue la danseuse sensationnelle de la famille. Elle a dansé avec la troupe acadienne des Danseurs Évangéline. Cette troupe a dansé à divers événements dans l’Île et s’est rendue en Espagne et en France. Oh! Quelle célébrité!

Depuis quelques années, ma soeur Claudette et moi avons commencé à prendre des leçons de danse avec Marie à Polycarpe. Quelques-uns des pas sont semblables, mais la plupart sont différents de ceux qu’on faisait. Maintenant on réunit en un seul pas ce qu’on faisait en deux ou trois pas. C’est beaucoup plus compliqué que quand j’étais jeune et je n’arrive pas toujours à me souvenir de ce qui suit.

 

Yvonne (Arsenault) Tuplin